Ne parle pas d’amour à l’homme sans personne

L’homme replié sur lui comme quelqu’un qui frisonne.

Ne parle pas d’aimer à celui qui a froid

Au plus profond de lui comme quelqu’un qu’on n’aime pas.

Ne parle pas de toi, toi sans couper ton bois

Tu te glisses en hiver dans la chaleur des draps,

Tandis que lui ne sait plus très bien ce que c’est

Sentir un corps tout chaud, auprès de soi, tout près.

Toi qui t’enflammes ton feu

Ne le fais pas briller

Devant les yeux de ceux

Qui n’ont plus que ça pour pleurer.

Avant de partager

Il faut savoir au moins

Es-tu prêt à donner

Sinon d’échange, il n’en est point.

Ne parle pas d’amour à la femme sans personne

Qui regarde ses seins lourds comme une qu’on abandonne.

Ne parle pas d’aimer à celle qui est marrie

D’élever son enfant comme une que l’on oublie.

Ne parle pas de toi, toi sans compter tes pas

Tu veux être toujours là, dans la peine, dans la joie.

Tandis qu’elle doit toute seule faire face au coup du sort,

Être la mère et le père en ignorant son corps.

Toi qui t’enflammes ton feu

Ne le fais pas briller

Devant les yeux de ceux

Qui n’ont plus que ça pour pleurer.

Avant de partager

Il faut savoir au moins

Es-tu prêt à donner

Sinon d’échange, il n’en est point.

Ne parle pas d’amour à qui n’est plus personne

Qui voudrait le crier comme ceux que l’on bâillonne

Ne parle pas d’aimer à qui le voudrait bien

Qui se sent délaissé comme ceux qui n’ont plus rien.

Ne parle pas de toi, toi sans voir mal à ça

Tu éclates de bonheur, tu le cries sur les toits,

Tandis que tu  t’envoles, t’arrive t-il de penser

La plus belle des paroles est dite pour écouter.

Toi qui t’enflammes ton feu

Ne le fais pas briller

Devant les yeux de ceux

Qui n’ont plus que ça pour pleurer.

Avant de partager

Il faut savoir au moins

Es-tu prêt à donner

Sinon d’échange, il n’en est point.